Ca y est, c'est le moment. Le moment que j'ai choisi, pour mettre à plat ce que je ressens depuis quelques temps au fond de moi. Ce sentiment qui me grignote, que je ne sais pas nommer, mais qui est là, niché au fond de ma tête et de mon ventre.

C'est après avoir cherché, comme ce que l'on fait tous sur Interne "qu'est ce qui ne va pas chez moi" ou "je ne sais pas quoi faire de ma vie, SOS !" que ça a été une évidence : je traverse ce qu'on appelle apparemment "la crise du quart de vie". On connait la crise d'ado, de la quarantaine, mais ... du quart de vie ? J'ai fait connaissance avec cette notion il y a peut-être 2 ou 3 mois maintenant, et ça a été une révélation pour moi. Tout colle, tout coïncide, c'est moi, en fait. 

Mais en fait, qu'est-ce que c'est ? C'est un état d'esprit, un sentiment, que l'on peut ressentir entre 20 et 30 ans. En gros, le moment où nous ne sommes plus enfants ni ados, mais pas encore adultes, bref, un entre-deux pas tout à fait confortable et qui peut-être, pour beaucoup, TRES déconcertant. 

J'ai 24 ans depuis plus d'un mois, et je suis en plein dedans. Je pense qu'à notre époque ce "mal" se fait sentir surtout entre 23 et 25 ans, c'est-à-dire, en gros, à la fin des études supérieures. Ce moment où, d'un coup, le bus arrive à son terminus. Dernier arrêt, maintenant tu te débrouilles. En gros. 

La ligne qui était tracée, connue, par coeur même, est terminée. Stop. Maternelle, primaire, collège, lycée, fac, école de commerce, et puis ... Quoi ? Bonne question. Tu es au bord du vide là, en fait. Bravo, le chemin as été long mais tu l'as fait. Tu as été bonne élève, tu as ton diplôme, maintenant, choisis. Tu es libre. En quelque sorte. Maintenant tu es adulte, tu prends tes responsabilités, et tu décides de ce que tu veux faire de ta vie, de ton avenir. Les chemins possibles sont vastes, multiples, infinis, tellement que cela donne le vertige. Un vertige mi-excitant mi-effrayant. Quoi, je saute dans le vide et maintenant je n'ai plus de protections ? Et si je me trompe, et si je ne prends pas les bonnes décisions ? 

Pour ma part j'ai rempli ma part du contrat. Une scolarité plutôt exemplaire, jamais la 1ère de la classe mais très sérieuse et assidue. Un bac + 5 en poche avec mention en sortant d'une école de commerce dans le top 10 français, un stage terminé sur Paris. Un schéma plutôt classique finalement, mais je peux être fière. Ca y est, "I made it". Vraiment ? Oui, j'ai un beau parcours d'étudiante, mais après ? Après je ne sais pas vraiment. Qu'est ce que ça veut dire à la fin ? Est ce le plus important ? Oui ça aide forcément, mais ... Au final, je me retrouve à ce stade et je me sens perdue. Un sentiment étrange, celui d'être à la fois vide et pleine. Pleine de rêves et d'ambitions, tout en étant démotivée. Je ne sais pas exactement ce que je veux, où travailler, dans quel secteur, quel type d'entreprise. Je remets sans cesse tout en question. Mon parcours jusqu'ici, mon mode de vie actuel (pas assez aventurier? trop aventurier?), mes relations amicales et amoureuse, suis-je satisfaite ou non ? Ai-je envie de me poser ou de prendre une valise et tout plaquer tant qu'il est encore temps ? Un matin je me réveille et je veux me poser, prendre un appartement à deux, et le lendemain j'ai envie de me jeter sur l'ordinateur pour voir quel avion prendre. 

Des contradictions dont je n'arrive pas toujours à comprendre le sens, je n'arrive pas à en parler autour de moi, par peur d'être incomprise, jugée. Je ne me plains pas, mais je suis simplement à un stade auquel j'aimerais que l'on prenne les décisions à ma place alors que ce n'est justement plus possible. Un stade où je dois me résoudre à me jeter dans la vraie vie et le faire pour moi et pas pour les autres. 

A l'heure où j'écris ce post, je suis donc au passage à niveau, la barrière est à moitié levée. Beaucoup de trains se suivent, du coup j'aperçois ce qu'il y a de l'autre côté sans le voir vraiment. C'est flou, les images ne sont pas nettes et je dois plisser les yeux pour tenter de savoir.

Je pense qu'à ce stade de mon petit parcours de vie, je dois avant tout me dire que je ne suis pas la seule. J'ai lu énormément d'articles sur ce sujet de la crise du quart de vie, mais je n'ai jamais entendu parler de ce sujet "dans la vraie vie". Et pourtant, ça existe bel et bien. Alors je pense qu'il est important d'en parler, de cette "phase" que beaucoup rencontrent finalement. Parce que parler ça a toujours été un bon médicament. Pour moi le fait d'écrire tout ça "noir sur blanc" c'est aussi l'admettre à moi-même. Reconnaître une situation, c'est la base pour prendre un nouveau départ et avancer, reprendre du poil de la bête. 

Alors tout ça n'est pas grave, mais comme je le disais plus haut c'est très inconfortable, car on ne sait pas comment ça va évoluer, et pour combien de temps on va devoir encore avoir affaire à ce petit quelque chose qui grignote la tête et le ventre. C'est aussi ce qu'on appelle grandir ... Et grandir, c'est beau finalement, et ça fait parti de la vie. Tout ça c'est un passage vers autre chose, pas évident mais qu'on ne peut pas trop éviter alors il faut faire avec et hop hop ! se tirer vers le haut.

Mais aussi être tolérant avec sa propre personne. Indulgent, patient. On est souvent trop exigent avec nous-même ! Alors oui, c'est bien de se lancer des défis. De se challenger, de vouloir aller plus haut. Mais c'est aussi important de déjà reconnaitre ses accomplissements, de se donner une tape sur l'épaule et de prendre du recul. De faire la paix avec soi-même, de se dire "tu as le temps", le temps de trouver ce que tu veux faire dans ta vie. Et ce que tu veux maintenant, dans 2, 5, 10 ans ça ne sera peut-être pas la même chose ! Mais c'est normal. En tant qu'individus, nous évoluons tous. Et c'est une bonne chose, sinon ça serait ennuyant finalement :)

Alors je pense que dans cette période hésitante, et déstabilisante, il faut voir le positif, profiter aussi des petits instants du quotidien, tout en se fixant de nouveaux "goals". De nouvelles activités, de nouveaux restaurants à essayer, lire de nouveaux blogs et auteurs pour s'inspirer, prendre l'air, discuter avec des personnes qui sont dans le même cas ou ont vécu la même chose pour se rassurer et se donner du courage.

Parce que grandir ça en demande beaucoup, du courage. 

Sur ce je vous laisse, j'espère que cet article poussera à la réflexion, et à la discussion surtout ! 

On se retrouve bientôt sur une note plus légère,

Des bisous et merci d'avoir lu cet article jusqu'au bout ! 

Victoria